(Article à Spoilers !!)
Lettre Ouverte à Disney ou Pourquoi je dis non à Wreck-it
Ralph
(Cette lettre s’adresse à Disney, la compagnie, non au
monsieur qui l’a crée, un misogyne, antisémite mais surtout : adorateur de
chien et détestateur de chats (ça ne pardonne pas !)
(Mouahahahahahahahahahaahah)
Nonobstant, par Disney j’entends : mon pourvoyeur de
rêves animés étiquetés du label château magique exit donc les Ghibli redistribués ou Coraline et autre pèche géante.)
Cher
Disney,
Je
tiens d’abord à dire que je t’aime plus que ma collection de figurines kinder
du Seigneur des Anneaux (dans la version allemande ils avaient Gandalf et Boromir, pourquoi les français en ont-ils été privés !!), plus que mes mouchoirs à la menthe et même plus
qu’entendre le mot pèche prononcé par un suisse-allemand.
Oui,
je le précise car ce qui va suivre ne va, bien évidemment, pas dans ton sens…
Alors
oui, Disney, je t’aime bien. Je t’aime même beaucoup. J’ai vu tous tes grands
classiques, même les moins connus (le seul que j’ai zappé étant la ferme se
rebelle mais… je crois que j’ai bien fait) et nombre de tes courts-métrages…
(Sisi j'ai vu la boîte à Musique ! T'a vu !)
Je
t’admire aussi, pour avoir su t’imposer, tu en as eu des rivaux, les frères
Warner, les studios Fleischer,
créateurs de Popeye et Betty Boop, qui ont coulé suite au sympathique Mr Bugs
goes to town (un des long métrages animés préférés de Miyazaki au passage)
sorti à la date fatidique de Pearl Harbor (mauvais timing !), Don Bluth,
qui, après t’avoir détrôné au Box Office avec Fievel, après t’avoir pompé tes
recettes dans Anastasia, a fini par expirer sur le vraiment pas terrible Titan
AE.
Tous
ceux-là et bien d’autres, tu les as vaincus.
Mais
hélas, tu n’es plus seul aujourd’hui dans mon cœur. Tu as été détrôné… par
Pixar évidemment, mais aussi par Dreamworks...
Je
t’ai pardonné pourtant, bien des choses, le massacre de la Pastorale dans le
pourtant merveilleux et audacieux Fantasia, tes personnages féminins insupportables
pendant des décennies… Je t’ai pardonné les Aristochats et ses clichés sur la
France, et son côté : sous 101 dalmatiens, je t’ai pardonné ce cartoon
bizarissime qui explique le cycle menstruel, je t’ai pardonné Taram et le
chaudron magique qui, avouons le, est quand même plus chiant qu’un repas dominical chez mémé, je t’ai pardonné Belle qui change de visage toutes les
deux secondes alors que vingt ans plus tôt, tu animais mieux les figurants dans
La Belle aux Bois dormants, tes libertés prises avec l’histoire dans Pocahontas
ou Mulan ou même avec la mythologie dans Hercules et pourtant, je suis du genre
puriste et ta sombre décennie de suites sorties directement en vidéo, ça aussi,
je te le pardonne… Mais entre nous, rien
ne va plus.
(Beethoven, l'homme dont la musique évoque à présent des angelots fessus... merci Disney !)
On
nous vante un nouvel âge d’or mais ce que je vois, c’est un marécage bourbeux
dans lequel tu patauges désespérément. Alors, oui, c’est un très joli marécage
mais voilà… Ca ne me suffit pas. Ca ne me suffit plus.
Je
te connais trop, peut-être, tu ne me surprends plus et pourtant… pourtant… je
mets tellement d’espoir en toi, à chaque fois !
Comparons
Disney et ses deux rivaux (plus vraiment rivaux pour Pixar d’ailleurs sachant
qu’on a eu qu’une scission très momentanée due à des problèmes pas du tout
momentanés) durant ces douze dernières années.
Début 2000, Disney, tu es dans la pente
descendante depuis Pocahontas même si ce film ainsi que le Bossu de Notre Dame
sont encore très appréciés aujourd’hui.
Hercules aurait pu achever les années
90 sur une impression défavorable mais Mulan et Tarzan rattrapent pas trop trop
mal le coup. Depuis la fin des années 80, on insère de plus en plus d’effets
CGI (computer generated imagery) dans les films, les faisant cohabiter avec des
animations traditionnelles. Ces effets vieillissent hélas très vite (cf la
scène de la caverne dans Aladdin… qui a vieilli aussi vite, d’ailleurs, que les
blagues du génie aux références douteuses).
Bref, toi, Disney, tu entamais tout de
même les années 2000 fortifiés par ton second âge d’or (Petite Sirène=>Roi
Lion)… et là, c’est le drame. Depuis cette grossière erreur qu’est le Retour de
Jafar, tu enchaînes les suites en VHS qui s’accumulent de médiocre en médiocre.
(Et il est content de lui !!)
Tes films au cinéma gardent un certain
standing même si le succès n’est plus vraiment au rendez-vous (à l’exception de
Lilo et Stitch peut-être, une extraordinaire surprise par ailleurs… tu vois que
tu peux être émouvant sans en faire des caisses ! Que tu peux être juste,
surtout… Comment peut-on rater à ce point une petite fille dans Ralph après
Lilo ?! Mais nous y reviendrons).
(Salut, je suis l'exception qui confirme la règle !)
Bref, après avoir tenté d’innover en
touchant à la Sf avec plus ou moins de succès dans Atlantide, La planète aux
trésors, Lilo et Stitch, tu reviens aux bonnes vieilles recettes en nous
imposant des suites au cinéma (Peter Pan 2 ou le livre de la jungle 2) Après quoi, tu nous sors Frères des ours… Ou une espèce de margouillis infâme
de restes de roi Lion mâtinés de Mulanonthas. Je ne dis pas que c’était mauvais…
Mais Disney, où as-tu mis ta fièvre créatrice ! Celle qui t’a fait
innover sans cesse, celle qui faisait de tes films des œuvres avant d’être des
produits…
Dès la première seconde, j’ai su comment
ça terminerait.
Les suites s’enchaînent, maintenant il y
a trois Cendrillon et trois Roi Lion en plus des innombrables VHS d’Aladdin,
épisodes de la série télé vendus comme des films.
… Là, tu décides de passer aux films en images de synthèse, t’imaginant
sans doute que c’est la technique qui fait le film, mais non, Disney, c’est
stupide de penser ça. Une bonne histoire sauvera toujours une mauvaise
technique, l’inverse n’est pas possible.
(Et là, c'est le drame)
Et surtout, même si tu essaies de te
renouveler, tu le fais en pompant le style d’autres studios qui te font à
présent une sévère concurrence. Don Bluth as semblé t'éveiller à la fin des années
80 avec Fievel… est-ce que Dreamworks t'éveille au début des années 2000 avec son
phénoménal succès : Shrek.
Non.
Non… Et en essayant de l’imiter, tu
perds ton âme… Tu fais du patchwork, tu piques un bout de ça, un bout de ça. Là
où Dreamworks a peut-être imité, il a toujours gardé sa patte, son unité. Toi,
tu nous offres des créatures mal construites qui tiennent à peine debout, des
Frankenstein insupportables de laideur qui, pire que tout, s’écrasent dans des
poncifs bien pensant.
Où es-tu ? Je ne te reconnais plus !
(Un film sans nom... Enfin, un film qui te dit quelque chose mais tu sais plus quoi...
Il avait le mérite de chercher à être un peu neuf mais bon...)
Tu enchaînes les flops… Flops que je ne
nommerai pas pour ne pas t’insulter. Et pendant ce temps, Pixar triomphe.
Depuis Monstres et Cie, il ne fait que monter de film en film. Et puis, on a
cette déferlante miraculeuse : Ratatouille, Wall-e, Là-haut, Toy Story 3…
Comment lutter face à ça ?
Oui, Pixar ne fait plus aussi bien avec
le discordant Cars 2 et le moyen Rebelle, mais il a déjà fait ses preuves et
placé les attentes très haut.
A côté, Dreamworks ne fait pas aussi
bien, pour sûr. Au tout début des années 2000, comme toi, il faisait encore un
peu d'animation traditionnelle avec des films pas irréprochables et pas similaires en ampleur au
Prince d’Egypte qui compte parmi mes dessins animés préférés, mais des bons
films, cohérents et distrayants (La route d’Eldorado, Spirit, l’étalon des
plaines, Sinbad, la légende des sept mers).
(Sinbad-ass... ou, le Running-gag d'exhibition de fesses viriles dans les Dreamworks 2D)
Ses univers sont d’ailleurs souvent
symétriques aux tiens ou à ceux de Pixar (Eldorado/Kuzco : le point va à
Dreamworks (selon moi), Gang de Requin/Nemo, le point va à Pixar,
Madagascar/The Wild, le point va à Dreamworks, zéro pour Disney… ce n’est pas
du copiage, on dira que c’est du aux migrations du personnel)
Malgré une collaboration intéressante
avec les studios British Aardman (Chicken Run, Wallace et Gromit, le mystère du
lapin-garou, Souris-City que tout le monde déteste mais que j’aime beaucoup),
il s’enferme dans des carcans d’humour facile avec la série des Shrek/Madagascar
et autres Pandas…
Et puis… Et puis, fin des années 2000,
il semble enfin comprendre la recette et commencer à trouver l’équilibre entre
vrais émotions et humour et surtout, il ne fait plus dans l’histoire facile.
Certes, on trouve toujours des poncifs chez lui, mais il étoffe ses leçons d’acceptation
de soi (que tu sois un ogre, un requin gay, une géante, etc… Et oui, chez
Dreamworks pas besoin d’être beau pour être un héros, faudra que ça rentre un jour
dans ta caboche Disney et au passage, ce n’est pas parce que Chicken Little
était moche qu’on ne l’aimait pas !), par des thématiques parfois plus
profondes sans jamais, pour le moment mais hélas, toucher à la profondeur d’un
Pixar.
Et puis techniquement, j’ai envie de
dire, il est ton égal depuis Dragons.
(STIIITCH... ah non, Crocmou... migrations du personnel je vous dis =D)
Alors oui, Dreamworks enchaîne les
Madagascar, Kung-Fu Panda et autres spin-off de Shrek, mais ces films donnent
toujours ce qu’on attend d’eux, au moins, ils surprennent même parfois
agréablement. Et puis, on a de jolies pépites, une héroïne qui préfère plaquer
son bellâtre hypocrite et bien pensant et passer sa vie avec ses potes monstres
et un kilomètre au garrot dans Monstres vs Aliens, un méchant gentil aux
antécédents crédibles dans Megamind, un héros qui prouve sa valeur en aimant un
dragon au lieu de le combattre dans Dragons.
Est-ce que tu donneras un jour ce genre
de leçons ? Tu essaies, mais tu es loin du compte.
Et puis, on a les Cinq Légendes…
C’est un film qui donne ce qu’on en
attend, et même plus… Comme Dragons, comme Megamind, comme Monstres vs Aliens,
il lui manquerait peut-être un mot, un minuscule regard, un souffle et il
aurait transcendé son statut de dessins-animés pour enfant durant les fêtes de
fin d’année pour devenir une œuvre intemporelle…
Un souffle…
Mais j’ai confiance en Dreamworks, lui,
il me surprend et j’ose espérer qu’un jour, il parviendra à créer au lieu de
produire.
Et toi… alors…
On parle de nouvel âge d’or mais je n’y
crois plus.
Pourquoi ? Parce que le Disney que
j’aime ne se cantonne pas à son domaine de conte de fées, ne se cantonne pas à
du recyclage. Mon Disney innove, mon Disney ose…
Alors, oui, j’ai plaisir à regarder
Clochette et autres niaiseries parce que c’est joli et que ça vend du rêve en
boîte pour fifilles sans dépasser des limites, oui, j’ai plaisir à regarder une
princesse pseudo féministe se faire libérer de ses chaînes par son héros virile
mais tellement vulnérable après s’être battu deux minutes avec une poêle… Oui,
j’ai même plaisir à voir Tiana choisir son amour au profit de sa carrière et s’entendre
déclamer des « je t’aime » en français dans un bayou tout mignon
où les crocodiles sont gentils.
Et… oui… J’ai eu plaisir à regarder les
Mondes de Ralph... Qui est un beau film, bien réalisé avec des personnages
caractérisés efficacement, un univers absolument jouissif et bien construit,
des trouvailles… Oui j’ai apprécié…
Du moins, les vingt premières minutes.
(N'empêche, truc de fifille, oui, mais à part pour des films plus personnels ou des studios Ghibli, ça faisait longtemps qu'on avait pas eu de bande annonce de film d'animation pour enfant sans parole ni punchline à la con)
Que je m’explique. Je n’attendais pas du
film le grand délire geek que certains pensent qu’il aurait dû être, je ne suis
pas une gameuse, je n’ai pas honte de le dire, beaucoup de clins d’œil ont dû
me passer au-dessus. Je n’attendais pas du film un nouveau Roger Rabbit empli
de caméos incroyables, non. Je n’attendais pas la profondeur d’un Pixar ni même
la liberté d’un Dreamworks (qui libère les esclaves et fait éloge de la
différence depuis une bonne quinzaine d’années quand même).
Non… Ce que je voulais, ce que j’aurai
eu droit d’avoir, ça aurait été une morale cohérente avec le postulat de base !
Alors, on a un univers bétonné avec une
logique interne qui se tient : les personnages de jeux-vidéos ont une
conscience, quand ils jouent, ils travaillent, et une fois la salle d’arcade
fermée, ils peuvent aller de jeu en jeu, se retrouver au bar, etc, etc. Leur
but c’est de ne pas être mis à la casse pour dysfonctionnement ou ringardise sinon
ils se retrouvent à la rue comme le pauvre Qbert.
Ok… Jusque là je te suis.
(RAAALPH... heu... en fait pas celui-là !)
Et puis tu nous présentes ton héros qui
est moche (BINGO) et méchant (ENCORE BINGO) … enfin, c’est pas comme si la recette
n’était pas déjà éculée depuis des années mais bon, si ça te permet de sortir
de ton schéma traditionnel, moi, je marche.
Bref, notre héros est victime d’une injustice
assez ignoble, sachant qu’il est traité comme un sombre étron sous prétexte que
son job est d’être méchant. Pas de gâteau pour lui, il habite dans une poubelle
et on le fuit dès qu’il arrive. Du coup, il craque et se rend aux méchants
anonymes pour geindre avec les autres. Il aimerait être gentil pour être mieux
traité. Compréhensible… mais HORREUR ! S’il se met à être gentil, il
bouleversera l’équilibre du monde. Même les autres méchants le disent. Ne
deviens pas gentil ! Tu es un méchant enfin ! Mais quel égoïste ce
Ralph que de songer un seul instant à avoir une vie meilleure !
Le problème, ce n’est pas Ralph, c’est
le monde où il vit. Un monde où on assimile le boulot d’une personne à l’identité
de cette personne. Un monde où si tu joues le méchant, on va te traiter comme
un méchant. Alors que tout le monde est, parallèlement montré comme ayant
conscience de jouer un rôle (un des habitants de « niceland » le mal
nommé, immeuble du monde de Ralph, dit d’ailleurs qu’il se « met dans son
rôle »). Alors pourquoi
traitent-ils Ralph de la sorte ? C’est comme si les acteurs d’une troupe
jouant, je ne sais pas, l’Avare, excluaient leur Harpagon.
(Oui... ce Ralph-là !)
Mais bon, mais bon, admettons. Dans ce
cas, les habitants de Niceland sont ceux à qui on doit faire la leçon. Ceux qui
doivent évoluer et changer de point de vue d’ici la fin du film…
Sauf que JAMAIS ils ne changeront de
point de vue ! La seule minuscule remise en question vient de la part du
gentil ultime du film, héros du jeu de Ralph : Fix-it Felix, qui, pendant
une fraction de seconde, geint en disant à Ralph : « Tu ne peux
pas savoir ce que ça fait d’être exclu et traité comme une fiente. » et
Ralph de répondre : « heu… si mon coco, vous me faites subir ça
quotidiennement. » et Felix, ce gros malin : « noooon ? C’est
vrai ? Je savais pas ! »
Et c’est tout !
…
Oui, c’est vraiment tout !
(Mais bien sûr que si, je suis gentil, comment oses-tu en douter ?)
Pis encore, on, renforce la légitimité
des habitants de Niceland en autorisant même l’un d’entre eux à faire la leçon
à Ralph : « Ralph, ça ne va plus du tout ! En essayant d’obtenir
notre respect à nous qui te traitons injustement depuis trois décennies, tu
nous as tous mis en danger ! Quel égoïste ! Comment oses-tu
bouleverser l’équilibre de notre groupe en sortant de ton rôle de bouc
émissaire qui nous unifiait jusqu’à présent contre toi ! »
Mais NOM D’UN CANARD EN GELEE !!! C’est
quand même incroyable qu’un type qui devrait être l’antagoniste ultime du film
se trouve en position de mentor paternaliste qui va, justement, pousser Ralph à
se remettre en question et à réparer ses « erreurs ».
C’est… C’est…
Enfin, reprenons.
L’attitude de Ralph ne fait pas que
changer sa vie (puisqu’à la fin du film, après un genre de sacrifice dans une
montagne de coca-cola, Ralph gagne magiquement le minimum syndical de respect
de la part des habitants de niceland dont les pensées n’ont pas eu l’air pourtant
d’évoluer des masses jusque là) puisqu’il va aussi aider un autre bouc émissaire à s’en sortir : la gamine raté
du siècle Vanellope von Schweetz, une espèce de chipmunkette (son design est
vraiment similaire à la version 80/90) relativement insupportable la plupart du
temps (elle a ses moments… Mais comment dire, comparons là à Bouh, à Lilo,
voire aux trois gamines de Moi, Moche et méchant… et elle ne tient pas la route…
surtout face à Lilo !)
Elle est un « bug » ce qui
fait qu’elle est exclue de son jeu et ne peut d’ailleurs pas non plus en
sortir. On a d’ailleurs une scène assez bouleversante de destruction de kart à
la « vilaine belles sœurs qui déchirent ma robe » dans
Cendrillon ou « Papa bousille ma collection de bidules humains » dans
la Petite Sirène. Son rêve, c’est de faire la course avec les autres et on la
comprend puisque le statut des coureurs et d’être adulés par un peuple de
sucreries enthousiastes. Bref, malgré son côté relativement insupportable, on
peut la suivre, on peut rêver de la voir transcender son statut et devenir un
vrai personnage de ce jeu dans lequel elle est, de toute façon, prisonnière…
(Helloo sis' !... Ou les origines discutables de la Co-star du film)
Sauf que…
Sauf qu’on nous apprend qu’en réalité,
faire d’elle une véritable coureuse automobile, c’est rétablir l’ordre
des choses puisqu’elle a été programmée pour cela initialement et que c’est l’unique
personnage foncièrement négatif du film qui est responsable de ce changement et
qui lui a volé sa place.
Donc, elle n’est pas un bug qui change
son destin à la Aladdin (qui, de toute façon, partait lui-même avec des atouts
majeurs ayant le physique de Tom Cruise…), ou Belle (Idem) non, comme Raiponce,
elle était destinée à être une princesse (oui parce qu’en plus d’être une
coureuse automobile, elle est surtout une princesse) elle était programmée pour
ça, elle l’avait dans le sang (le code).
En gros, Ralph, en essayant de changer
son statut injuste, a aidé à conserver le statut quo dans un autre jeu… avant
de revenir lui-même dans son propre jeu où il est mieux traité quand même
(depuis trente ans que les maltraitances duraient, il était temps, j’ai envie
de dire) mais où il reste le méchant. D’accord.
…
Pis-encore, je crois, le comportement de
Ralph est sans cesse assimilé à celui d’un autre personnage de jeu :
Turbo, qui, par peur de devenir dépassé et donc, d’être mis à la casse, a
envahi un jeu concurrent que sa présence a fait planter au point de devoir le
débrancher.
Ce personnage est également le vrai
méchant du jeu de la Chipmunkette, et donc l’ignoble usurpateur qui a fait de
la vie de la « princesse » un véritable cauchemar. Alors oui, son attitude destructrice est problématique… Mais ses motivations sont parfaitement
compréhensibles.
(Mais non voyons, je ne suis pas SI méchant)
On a eu d’autres « méchants »
aux motivations compréhensibles dans des dessins-animés pour enfants. Papi
Pépite dans Toy Story 2 était le jouet délaissé de la gamme et il désirait une
nouvelle vie au musée où il serait admiré comme il ne l’avait jamais été jusque
là. Pixar nous montre que c’est compréhensible, ce qui n’empêche pas ce
personnage d’être « méchant » à partir du moment où son désir empiète
sur ceux des autres. Et toi, Disney, ça t’aurait tant coûté d’inclure un peu de
subtilité dans ton développement de Turbo ?
Le problème c’est que personne n’admet
jamais qu’il est compréhensible, voire légitime de ne pas vouloir finir à la
casse, de ne pas vouloir, comme Ralph, passer sa vie maltraité et méprisé par
ses semblables. Non, l’attitude à avoir, l’attitude qui permet d’obtenir un
minimum de compassion, c’est se laisser faire, c’est mendier comme Qbert et
attendre désespérément qu’on nous sauve. Essayer de changer son destin tout
seul, c’est se montrer abominablement "égoïste".
(Pour manger !)
Mais…
Dans quel monde vit-on ?
Dans quel monde veux-tu qu’on vive,
Disney ?
Est-ce là une manière de revendiquer ton
trône aux usurpateurs Dreamworks ou Pixar qui auraient mieux fait de rester
dans leur coin à grignoter posément les pans de lumière que tu leur laissait au
lieu de te voler une place légitime au box-office ? Box -office qui te reviendras de droit puisque tu lui étais destiné, tu l'avais dans le sang, toi qui a un "royaume" !
Evidemment,
tout ça ne m’empêche pas d’attendre désespérément ta reine des neiges (mille
fois annulée et relancée) même si je suis sûre qu’elle n’arrivera pas à la
cheville de celle de Lev Atamonov (aussi au nombre des longs métrages animés
préférés de Miyazaki d’ailleurs).
Mais
qui sait…
Je
t’aime Disney, même quand tu me fais mal…
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