Tu bosses 6 mois, tu présentes une fois, tu passes la journée en apnée, tes mains tremblent, tu ne ressens plus rien et tout arrive à distance comme au ralenti. Tu présentes une fois. Comme d'habitude, tu as l'impression de vraiment exister et tes respirations prennent de l'importance. Tu foires, les branches sont là, tu foires pas, elles sont toujours là au cas où. Clap Clap. Toujours ce même embarras. Tu sors, tu essaies d'écouter ceux qui disent du mal mais pas en face (normal) et de ne pas écouter ceux qui disent du bien parce que ça t'arrive de loin. Le positif est retenu par un filet, le négatif touche en plein cœur (normal). Ce qui compte, c'est qu'ils soient venus, non ? T'aurais voulu faire mieux, faire un truc parfait. On te dit que c'était déjà bien de "faire". Tu t'en fous. C'est fini. Tu as eu un bref instant de félicité totale. Pendant trois secondes tu as vécu sans te demander pourquoi, comment... Et puis tu es retombée, le corps tremblant. C'est dur de présenter une fois mais au moins, c'est intense. Une vraie dope. Tu te rappelles de cette pièce foireuse au lycée. Une fois... Et cette fille avait oublié son texte. Toujours la même rengaine. Félicité, descente, frustration. Là, t'es responsable en plus. Tu te dis "et si" "peut-être que si j'avais..." mais tu présentes qu'une fois. Une foutue fois.
Et si...
Ce qui compte c'est qu'ils soient venus.
Dis le moi si t'as un problème espèce de...
Franchement.
Si seulement...
Ce qui compte c'est qu'ils soient venus.
Ce matin, tu te sens vide et déconnectée. Tu te dis que c'est un foutu cliché. Que c'est pareil partout. Tu t'es levée, t'as fait chauffer l'eau, t'as un peu lu et t'as allumé l'ordi.
C'est fini.
Tu t'es lancé une musique chialante histoire de fêter ça. Les digues pètent toute seules. Pif Paf Pouf, des geysers de larmes.
Pourvu que ça court-circuite pas le PC tout neuf, manquerait plus que ça !
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